Plus
de 120 présidents de conseils locaux ont pu se rendre à cette
réunion organisée pourtant avec un très court délai de
prévenance ; ce qui montre la mobilisation des parents d’élèves
délégués sur le sujet.
Le
premier temps de la réunion a été consacré à la présentation
par Colombe Brossel des différents projets à l’étude à la
mairie de Paris afin de pouvoir mettre en application dès septembre
2013 le décret de réforme des rythmes scolaires.
Avant
toute chose, il faut savoir que Colombe Brossel nous a expliqué que,
compte tenu des élections municipales de mars 2014 (auxquelles
Bertrand Delanoé ne se représentera pas) après mars 2014,
elle-même n’aura plus alors les fonctions qu’elle occupe
maintenant. Donc, elle ne peut, aujourd’hui, s’engager sur quoi
que ce soit si la mise en application du décret était seulement en
septembre 2014. Elle ne pouvait nous parler que des projets à
l’étude pour septembre 2013.
Elle
a présenté 4 projets à l'étude à la mairie pour l'organisation
de ce nouveau temps sur 5 jours du lundi au vendredi :
Elle
a rappelé que ce temps périscolaire était un temps proposé aux
élèves mais non obligatoire à la différence du temps scolaire.
Les 4 projets étudiés actuellement
1 – Début des cours à 9H avec un accueil toujours à 8H30 voir même 8H15 le matin: formule qui serait privilégiée pour les maternelles.
2 – Libérer deux fois par semaine 1H30
l'après midi plutôt que 4 fois 3/4h afin de permettre
l'instauration réelle de vraies activités éducatives ou sportives.
Ces jours avec 1H30 de temps périscolaire seraient déterminés par
classes :
- Par exemple : lundi jeudi pour
les CM et mardi vendredi les CE et CP)
Ce cumul du temps périscolaire sur 2
jours permettrait une meilleure organisation des activités à
proposer et faciliterai l’élaboration de contrats plus attractifs
pour les futurs animateurs en charge de ce temps périscolaire à
construire. Mme Brossel est très favorable nous a-t-elle dit à
ces deux fois 1h30 car cela permet de faire un vrai temps
d’activité. Ce temps périscolaire aurait lieu à partir de 15h
deux fois par semaine pour chaque classe mais donc en jours glissant
suivant les classes (voir l’exemple ci dessus) ; sortie
toujours à 16H30.
3 – Pause méridienne plus longue
avec organisation d'activités à l'extérieur de l'école. La pause
serait alors de 2H45 permettant là encore d’organiser des
activités. A cette proposition d’emblée les présidents ont
souligné sa difficulté d’application car dans beaucoup écoles,
dont la nôtre, il y a deux services de cantine et donc le temps
réservé à ces activités sera complexe à organiser.
4 – Terminer les cours plus tôt
tous les soirs : c'est à
dire à 15H45 et commencer alors plus tôt le périscolaire. Colombe
Brossel sur ce dernier point n’a pas, me semble-t-il, précisé si
les élèves dont les parents le souhaitent pourraient sortir avant
16H30
Colombe
Brossel n’a pas exclu que d’autres projets pourraient être
étudiés s’ils étaient remontés pour cela à la mairie. D’ou
l’intérêt pour nous de faire une vraie proposition
d’organisation.
Les questions
1 – Les premières questions ont porté sur le
financement de ce nouveau temps périscolaire :
Colombe
Brossel s’est engagée pour 2013 à ce que ce temps périscolaire
supplémentaire, qu'il soit en début de journée, sur la pause
méridienne ou en fin d'après-midi jusqu'à 16H30 soit gratuit pour
toutes les familles. En revanche, pour son financement, même si la
mairie de Paris a budgété pour septembre, octobre, novembre et décembre 2013, 5M € et que l'état donne à la ville de Paris 6M €
pour l'exercice allant de septembre 2013 à Juin 2014, Colombe
Brossel reconnaît que cela ne sera pas suffisant et ne dit rien du
financement à prévoir pour 2014 et les années suivantes.
Il
ne faut pas oublier que cette gratuité n'est pas inscrite dans le
décret, me semble-t-il, et qu'un jour ce temps périscolaire donc
non obligatoire pourrait, du fait justement de son caractère non
obligatoire, être facturé aux familles comme le sont les temps
périscolaires du soir, de la cantine et du mercredi (centre de
loisirs). Colombe Brossel nous a clairement dit qu'elle ne pouvait
présager des décisions d'un autre conseil municipal. A noter, pour
qui n'a pas lu le décret, que la dotation de l'état de 50 € par
enfant (soit donc les 6M € sus cités pour Paris et 200M € pour
la France entière) n’est valable que si les municipalités
s'engagent dans cette réforme dès 2013 et n’est qu’une aide à
l’amorce de cette nouvelle organisation. En d’autres termes, une
reconduction de ce budget n’est pas prévue pour les années à
venir, à ce jour.
Par
ailleurs, si les municipalités ne rentrent dans la réforme qu'en
2014, ils auront moins d'argent en dotation d'état. Il a été
brièvement question des dotations supplémentaires pour les écoles
en zone prioritaire d’éducation. Là encore, rien de bien concret
pour l’avenir n’a été annoncé si ce n’est que bien
évidemment une attention particulière devait y être portée.
Cette
absence globale de visibilité financière pour l’avenir est un
vrai problème et une source majeure d’inégalité sociale dans le
futur. Colombe Brossel n’a absolument pas répondu à cette
question budgétaire si ce n’est en précisant que, pour l’année
scolaire 2013-2014, les 11M € déjà budgétés ne suffiraient pas ;
et elle n’a absolument pas évoqué les années suivantes. En
dehors même du cas particulier de Paris où la problématique
financière n’est probablement pas la plus difficile, le transfert
aux collectivités locales du coût de cette augmentation du temps
périscolaire risque de se traduire de façon hétérogène par une
hausse des impôts locaux ou directement du coût des temps
périscolaires.
Il
semble important pour les familles d’avoir, avant la mise en
application, une visibilité financière claire et pas seulement pour
l’année à venir car il ne faudrait pas que cela impacte le budget
des classes moyennes ou pire celui des classes défavorisées.
Aucune
réponse concrète que ce soit pour 2013-2014 ou au-delà ne nous a
été apportée.
Il
nous a paru clair que, par fidélité politique, le Maire de Paris
devait faire le maximum pour mettre en place cette réforme dès
septembre 2013 et ainsi initier un mouvement national. Mais selon
nous, conseil local fcpe, cela ne doit pas se faire au détriment de
l’intérêt des enfants et de l’école. Certains d’entre nous
se demandent si la mairie de Paris aurait le même positionnement si
notre maire actuel briguait en 2014 un autre mandat ?
2 – A la question comment allez
vous recruter le personnel nécessaire et compétent
alors que depuis des années vous n'y arrivez pas (voir les plaintes
récurrentes dans toutes les écoles vis-à-vis des animateurs et
même vis-à-vis des encadrants de certains ateliers bleus, même si
cette année à Buffon nous avons une super équipe, ce n’est pas
le cas dans les autres écoles). Colombe Brossel a répondu qu'ils y
travaillaient depuis mai 2012.
Elle
a précisé que si la Mairie estimait après analyse des moyens
actuellement à disposition qu'il faudrait organiser des concours
pour avoir des personnels formés (base requise le BAFA) ils le
feraient.
De
même, elle a dit qu’ils comptaient travailler également avec des
structures préexistantes comme :
- les centres de loisirs,
- les conservatoires, espérant faire rentrer sur ce nouveau temps périscolaire la première année du conservatoire appelée “éveil musical”,
- et les associations comme celles qui fournissent déjà certaines prestations notamment dans le cadre des ateliers bleus.
Mais
des conseils locaux, qui avaient fait leur petite enquête, lui ont
répondu que des associations travaillant déjà avec les écoles
n'avaient pas du tout été sollicitées par la mairie, contrairement
à ce qu'elle disait. A titre d’exemple, l’association qui
travaille régulièrement avec l’école de la rue Buffon n’a pas
non plus été sollicitée. Ce qui confirme les dires des autres
bureaux locaux.
Par
ailleurs, selon les parents dont les enfants sont au conservatoire,
il semblerait que cette structure municipale n’ai pas en fait
réellement les moyens (et l’envie ?) de répondre à cette
nouvelle demande.
D’autre
part, l’idée d’organiser « peut-être » un concours
pour recruter du personnel compétent, même si c’est sûrement une
bonne idée, a beaucoup surpris car une telle organisation demande un
temps incompressible de préparation et d’information quant à
l’existence de ce concours. Or, comme l’idée même n’est pas
encore validée, nous voyons mal comment ce type de concours pourrait
être mis en place d’ici la fin de l’année scolaire en cours
pour une prise de fonction début septembre 2013. De plus, il ne
serait pas forcément un gage de qualité car le nombre de personnes à
recruter est considérable. En effet, selon le nouveau décret qui
définit le taux d’encadrement suivant : 1 animateur pour 14
élèves en maternelle et pour 18 élèves en élémentaire, il
faudrait donc recruter pour tout Paris entre 7000 et 10000 animateurs
ce qui semble assez impossible à concrétiser d’ici septembre
2013, d’autant plus si l’on veut des animateurs formés et
opérationnels.
Pour
mémoire, la mairie actuellement n’arrive pas à mettre en place le
service minimum prévu par la loi en temps de grève.
Pour
toutes les raisons que nous venons de détailler, les réponses de
Mme Brossel sont restées évasives. Elle n’a fait qu’évoquer
des pistes à l’étude sans pouvoir concrètement démontrer
qu’elles seraient applicables pour septembre 2013. Elle a insisté
sur la place de la réflexion et de la participation des parents et des
équipes pédagogique et périscolaires alors même que le temps
nécessaire à cela n’a pas été pris en amont de la promulgation
du décret et fait à présent défaut.
De
plus, comme le nouveau décret détermine la nécessité d’un
animateur formé pour 18 élèves en élémentaire au lieu de 1 pour
14 enfants aujourd’hui et pour la maternelle un animateur pour 14
élèves au lieu de 1 pour 10 aujourd’hui. Nos enfants auront pour
les encadrer au final moins d’animateurs qu’aujourd’hui. Cela
va dans le sens d’une diminution de la sécurité dans les écoles
ce d’autant que les animateurs recrutés n’auront probablement
pas l’ AFPS (formation premier secours) puisque dans les pré-requis
seul est actuellement cité le BAFA.
Colombe
Brossel a beaucoup parlé de la liberté qui serait donnée à chaque
conseil d’école pour organiser son articulation temps
scolaire-temps périscolaire. Elle a parlé de la notion de conseil
d’école élargi impliquant ainsi les animateurs dans cette
instance ; ce que nous faisons déjà à Buffon avec Corinne. Il
nous a paru surprenant que chaque école puisse avoir sa propre
organisation. Si entre un établissement de maternelle et
d’élémentaire mais aussi d’un jour à l’autre l’organisation
est différente cela complexifiera la vie des familles.
3 – A la question comment allez-vous trouver des
locaux pour organiser ce périscolaire
qui doit se faire en petits groupes alors que dans bien des écoles
parisiennes, il y a juste le nombre de classes disponibles et un
préau ? Colombe Brossel a été bien en peine de faire une réponse
concrète. Elle est restée très évasive évoquant la mise à
disposition de structures en dehors de l’école (gymnase, piscine,
musée) insistant alors sur sa volonté d’avoir des temps
périscolaires longs d’1H30 pour de telles activités.
Il
faut noter au passage que cette année notamment dans le 5e
la plupart des écoles élémentaires n’ont pas eu jusqu’ici
accès à la piscine pour cause de grève des maîtres-nageurs. Les
enfants du 5e
n’auront donc pas reçu cette année l’enseignement de natation
pourtant obligatoire et la mairie est aujourd’hui dans
l’impossibilité de trouver une solution. Nous comprenons donc que
Mme Brossel ne puisse être totalement affirmative dans ses
propositions.
Quant
à l’éventualité d’utiliser les classes, il semble que cela
pose un certain nombre de problèmes, privant les enseignants de leur
lieu de travail qu’ils occupent en dehors des heures devant élèves
pour préparer les cours, organiser la classe ou corriger les
cahiers. Par ailleurs, mais cela semble plus spécifique à la
maternelle, aller dans la classe pour une activité périscolaire
pourrait perturber chez les jeunes enfants la perception de ce qui
relève de l’école et de ce qui relève des autres activités.
4 – A la question et après
16H30, Elle a précisé que
le temps périscolaire d’après 16H30 qui existe déjà avec les
ateliers bleus ou des associations comme l’ASC Buffon ne serait
remis en cause avec la réforme et donc persisterait. En revanche,
elle n’a pas évoqué leurs financements. On peut émettre
l’hypothèse que les familles devront peut-être contribuer plus au
financement de ce temps périscolaire post 16H30. Et en allant même
plus loin, devant les problématiques budgétaires annoncées, nous
craignons que les budgets dédiés aux classes découvertes soient
encore plus remis en question qu’aujourd’hui.
5 – A la question quid de la possibilité
d’école le samedi matin,
alors même que Mme Brossel ne l’avait pas évoqué dans sa
présentation initiale, elle a affirmé que cette organisation
incluant le samedi matin serait possible si le conseil d’école
élargi en faisait la demande. Les parents d’élèves lui ont
rappelé que selon le décret c’était soumis à dérogation et
donc ne semblait pas si simple à obtenir. Un sondage rapide a été
réalisé dans la salle avec environ la moitié des conseils locaux
représentés favorables au samedi.
Il
semble qu'une grande majorité des enseignants soient également
favorables au samedi matin. C’est le cas dans notre école (14
enseignants sur 15). Les parents d’élèves ne comprennent pas
pourquoi cette option a été écartée dès le départ. De même,
nous nous sommes étonnés que ce décret n’intègre pas le
raccourcissement pourtant évoqué lors de la campagne électorale
des congés d’été. De ce fait, la réforme des rythmes scolaires
ne devient qu’un réaménagement du temps à la journée et ne
prend pas l’ampleur espérée et possible avec un réaménagement
de l’année scolaire dans sa totalité.
Nos
observons également que l’alternance 7 semaines de travail / 2
semaines de congé qui doit être appliquée par respect des rythmes
chronobiologiques des enfants n’est toujours pas en place.
Il
faut vous dire que la salle était très remontée contre le discours
de Mme Brossel et de ce fait le dialogue était souvent agressif.
D’autres
questions restent en suspend, non posées clairement mais évoquées
de-ci de-là lors de la réunion :
- Qui va encadrer les animateurs ?
- L’augmentation des intervenants est-elle compatible dans le cadre du plan vigie pirate ?
- Pourquoi ne pas rendre le temps périscolaire obligatoire et donc gratuit de façon certaine et pérenne et y transférer les activité sportives et culturelles (musique, arts plastiques) recentrant ainsi les 24h par semaine sur les autres apprentissages fondamentaux ?
A
la fin de la réunion, quelques parents ont pris la parole pour
rappeler qu’au-delà de l’organisation pratique qui pose, nous
l’avons vu, de vrais problèmes non résolus, c’est la conception
même de ce décret qui est un problème. Il arrive avant la refonte
annoncée de l’école (de la petite section de maternelle jusqu’à
la terminale). Or, il semble aberrant de modifier la forme (les
rythmes scolaires) avant d’avoir défini le fond (programmes,
modalités et finalité des apprentissages). Ces présidents des
conseils locaux ont souligné qu’une application en l’état ne
pouvait qu’être contre-productive et source non seulement de
mécontentement mais également d’incompréhension.
Ils
ont rappelé combien les fédérations de parents d’élèves ont
depuis 5 ans alerté sur le manque de moyens donné à l’école :
- perte de <2H30 d’enseignement par semaine depuis 2008 alors même que l’on rajoutait des apprentissages obligatoires (langues) et non compensée aujourd’hui dans ce décret,
- l’augmentation des effectifs par classes du fait du non remplacement depuis 5 ans et jusqu’à l’année dernière d’un départ sur deux, plaçant ainsi la France à la dernière de l’OCDE avec 5 enseignants pour 100 élèves pour le primaire (maternelle et élémentaire),
- disparition orchestrée des RASED,
et
souligné que Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale,
avait promis de développer les aides pour les élèves. Or ce décret
n’apporte pas de façon évidente une garantie d’amélioration
pour nos enfants. Il ne résout pas non plus les problématiques
d’effectifs. Alors que dans le primaire (maternelle et élémentaire)
les enseignants s’accordent pour dire qu’un effectif entre 20 et
24 est optimal pour les apprentissages, un certain nombre de classes
et d’écoles restent avec des effectifs très chargés et rien sur
ce plan n’est proposé dans ce décret.
Bien
sûr à toute ces questions la mairie, juste chargée d’essayer
d’appliquer ce nouveau décret ne pouvait nous répondre mais elles
soulignent l’absence de concertation initiale de tous les acteurs
de l’école et montrent que les parents d’élèves ne
comprennent pas pourquoi ce changement d’organisation perd
finalement de vue son objectif initial : améliorer les
résultats des élèves en respectant les besoins chronobiologiques
et en retravaillant les programmes et les modalités d’apprentissage.
Il nous semble impossible, en l’absence d’une révision préalable
des fondements de l’école et dans la précipitation d’une mise
en place pour septembre 2013, de revoir l’organisation quotidienne
de l’école. En conclusion les parents étaient très remontés
contre et les propositions de la mairie et le fond même du décret
et clament visiblement une abrogation du décret et une renégociation
totale avant mise en route.
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